Une belle soirée pour se balader, sortir avec des amis. Il faisait bon, la ville était tellement illuminée qu'on aurait pu dire qu'on était en plein jour. Valentin était arrivé depuis maintenant quelques heures, et voulait se détendre. Il avait déposé ses affaires à l'hôtel où il vivrait jusqu'à ce qu'il se trouve un appartement, et un travail, et où il s'était préparé pour sortir. Le jeune homme était beau, et il avait opté pour un jean simple et une chemise noire, accompagnés de chaussures de ville confortables noires vernies. Il avait sublimé son allure avec une montre en argent. On aurait pu dire qu'il était né d'une famille aisée, mais ce n'était pas son cas.

Valentin avait arpenté les rues de Tokyo afin de trouver une boîte de nuit où il pourrait s'amuser un peu. Il avait prit un peu d'argent pour consommer, il ne s'interdisait rien, mais faisait quand même attention. Minuit à sa montre, le jeune homme était à l'entrée de la discothèque. Une brise vint caresser son visage, puis il entrait dans la chaleur du night club.

Après s'être assis au bar, Valentin s'était commandé un verre de whisky mélangé à du coca-cola. Il se fit abordé par plusieurs filles, avec qui il parlait sur un ton non chaleureux, mais pas repoussant non plus. Ce n'est pas qu'il n'est pas sociable, mais il ne pouvait concevoir de rencontrer l'amour de sa vie dans une discothèque. Val' savait très bien qu'elles ne cherchaient que des coups d'un soir, et ce n'est pas qu'il n'était pas partant, mais ce soir, il ne voulait ramener personne.

Une autre fille vint l'aborder, et notre beau jeune homme s'amusait à la draguer, sans rien vouloir d'autre. Elle voulait danser avec lui, en vain. Valentin ne danserait pas ce soir. Ou peut-être que si. Pour l'instant, il n'en avait pas l'envie.

Encore un soir, un week-end. Un de ceux où Elissy peut trouver un peu le temps de décompresser et s’amuser à la Discothèque. Mais ce soir elle avait été demandée pour servir les boissons, juste une ou deux heures. Après elle pourrait chanter si elle le souhaitait, mais elle n’en avait pas envie ce soir. Elle voulait juste servir les gens et rentrer chez elles, espérant que les fans lui « sautent dessus ». Elle n’aimait pas vraiment être assez célèbre, c’était son plus grand cauchemar.

Alors elle s’était correctement habillée pour aller à la Discothèque : juste une robe courte bleu marine, des escarpins à talons aiguilles noirs, un petit sac et une veste noirs. Avec bien sûr les quelques bijoux assortis et ses cheveux lisses cette fois laissés tombés sur les épaules. Maquillage bleu marine et noir, comme prévu. Elle n’avait pas prévu se faire belle mais elle n’avait pas le choix. Elle n’aimait pas avoir une tenue non accordée au décor de la discothèque du coin. C’était souvent comme ça.

Une fois sur place elle déposa ses affaires dans son casier et se plaça derrière le bar, avec ses collègues. Elle fit correctement son travail et vit un jeune homme qui attira tout particulièrement son attention. Un jeune homme ayant minimum vingt-deux ans, les cheveux courts et bruns, et ses yeux incroyablement verts sous les néons animés. Malgré ça elle ne le quitta pas vraiment des yeux tout en continuant de servir des verres aux clients. La musique lui déchirait les oreilles, sa tête tambourinait et l’envie de fumer approchait de plus en plus. Malheureusement ses collègues et les clients ne faisaient même pas attention à ça, au point qu’elle put boire un verre d’eau sans que personne ne s’en rende compte. Elle était vraiment fatiguée aujourd’hui, et pourtant elle n’avait pas grand fait de la journée (juste les boutiques et lire les tonnes de magazines).

Valentin accompagnait la demoiselle jusqu'à l'entrée des toilettes, puis sortit au fumoir. Il sortit une cigarette discrètement de son paquet, pour éviter qu'on le lui en demande. Pas qu'il soit radin, enfin si, mais qu'avec les gens qu'il ne connaît pas. Il sortit son zippo et alluma sa cigarette. Première bouffée. Il leva la tête afin de regarder le ciel, en se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire ici. Il ne savait pas pourquoi il était venu, et ne savait pas s'il devait repartir ou non. En partant, Valentin s'était dit qu'il avait besoin de voir de nouveaux paysages, de nouvelles têtes ... Donc, il était partit au bout du monde.

Deuxième bouffée. Et une pensée à Elissy. Le jeune homme espérait la revoir un jour. Et si, un de ces jours, il la croise, il le saurait tout de suite, parce qu'il savait exactement les yeux qu'elle avait. Et à force de penser à elle, il était devenu mélancolique, même triste, dirai-je.
Troisième bouffée. La fille du bar revint vers lui. Elle lui dit un truc du genre "oh mas je t'ai cherché partout ! où étais-tu ?" mais elle ne se doutait pas qu'elle allait se prendre une véritable gros rateau. Valentin, qui ne voulait plus être embêté, claqua sa langue sur son palais et fronça les sourcils. Puis il la regarda, et lui répondit "Laisse moi, tu veux ?". Radicalement refroidie, la fille en question leva un sourcil, puis partie fachée en lançant des jurons, sûrement destiné à Valentin, qui, lui, soupira et hocha la tête d'agacement.

Quatrième bouffée. La tête toujours vers les étoiles, il ferma les yeux, et fit abstraction de la musique et des gens qui parlaient autour de lui. Il ne comptait plus les bouffées maintenant, d'ailleurs il s'arrêtait toujours à quatre, sans savoir pourquoi.

Elle vit le brun partir à l’endroit qui était réservé aux fumeurs. Le fameux fumoir. Voilà tout ce qui attirait son attention et une de ses collègues le remarqua.

-Va prendre une pause pour draguer si ça te fait plaisir.

Celle-ci lança un regard à Elissy qui n’attendit pas pour prendre son sac et aller à ce fumoir. Une fois là-bas elle s’installa sur une chaise, non loin du jeune homme et sortit son paquet de cigarette pour en attraper une et son briquet. Un fois la clope allumée dans la bouche elle rangea le paquet et le briquet dans son petit sac à main qu’elle prit soin de déposer à côté d’elle. Elle pris quelques bouffées de sa « drogue » et fuma, doucement tout en fixant loin devant elle. Ici c’était la fumée qui lui donnait mal à la tête, bien que la musique soit aussi forte que dans la salle à côté.

Elle se demanda pourquoi sa collègue lui avait dit qu’elle allait draguer. Peut-être que cette fille avait cru qu’Elissy regardait un certain jeune homme intéressant à charmer ? Eh bien non, elle refusa d’avoir un copain d’un soir… Surtout ce soir-là. Peut-être était-ce loupé d’avance puisque un autre homme vint l’aborder avant de partir, étant donné que la jeune femme lui avait ordonné. La paix, c’est ce qu’elle souhaitait. Mais elle se doutait qu’elle n’allait pas être tranquille pour un moment. Elle termina sa cigarette et vint l’écraser dans un des cendriers qui était sur la table à côté du brun, comme par hasard. Elle espérait qu’il ne l’aborderait pas pour la kidnapper un moment, parce qu’elle détestait ça.

Spoiler:

Alors qu’Elissy attrapait son sac pour s’éclipser, le jeune homme aux cheveux bruns et aux yeux verts lui attrapa le bras en la retournant. Il prononça son nom et fit une pause, tout en la fixant. Ils se regardaient l’un dans les yeux de l’autre, la jeune femme attendant une suite. Qu’allait-il poser comme question ? Jamais elle n’avait vu aborder un inconnu (une en l’occurrence) de cette façon, sachant qu’il connait son prénom. Juste ensuite il lui demanda si elle le reconnaissait. Elle le regarda et réfléchissait tant bien que mal. Jamais elle n’avait croisé son visage auparavant, alors pourquoi lui dirait-elle oui ? Les mots quittèrent sa bouche sans qu’elle n’ait pu réfléchir plus que ça.

-Non.

Elle aurait reconnu tant bien que mal le jeune homme s’il l’avait déjà abordé auparavant, c’est sûr. Elle se débattit pour essayer de retirer son bras de l’étreinte de l’homme, mais en vain. Il paraissait tellement surpris de la voir qu’il avait une poigne de fer. Elle soupire et lui fit signe de la suivre, se dirigeant avec lui dehors. Elle avait au passage adressé un regard à sa collègue qui avait sûrement compris autre chose que ce que ce regard voulait dire.

Les deux jeunes gens arrivèrent dehors et se dirigèrent au calme, mais pas où il faisait le plus sombre pour se voir. Elissy attendait des explications plus précises. Elle s’était un peu refroidie à cause du contact du brun sur sa peau, au point de s’impatienter. Avait-il bu ? Non, parce qu’il n’aurait pas crié son nom en public alors qu’il était encore sobre, si vous me suivez. Elle le regardait toujours en silence.

Spoiler:

La réponse de la jeune fille surprit Valentin. Cela l'avait déstabilisé, si bien qu'il n'avait pas vu qu'elle essayait de se débattre pour se sortir de là. Il la fixait sans la voir, ses yeux étaient réellement plongés dans le vide. Elissy lui fit signe de la suivre, donc il la lâchait, et la suivait. Ils étaient maintenant dehors, au calme, dans un endroit à peu près bien éclairé. Valentin voyait bien que sa sœur s'impatientait, mais il n'allait pas lui dire sa comme sa.

- Ecoute, cela risquerai de te ... choquer. Disons que l'on a un point commun, tous les deux.

Cette phrase n'allait pas arranger les choses, elle ne faisait que les empirer, car la jeune fille s'impatientait encore plus. Valentin tenta tant bien que mal de trouver les mots pour le lui dire, mais il ne savait pas. Il allait devoir le lui dire comme cela, et ce n'était pas quelque chose qui lui plaisait beaucoup. C'est ainsi qu'il décidait de lui raconter son histoire.

- Bon, déjà, je m'appelle Hoju Valentin. Je viens d’Angleterre. Je vais te raconter mon histoire pour que ce soit plus clair. Quand j'étais plus jeune, beaucoup plus jeune, ma mère a donné la vie à une personne qui m'était chère et que l'on m'a arraché suite à la mort de mes parents. Cette personne, et bien, elle se nomme Elissy. J'allais la voir souvent dans son orphelinat, je me souvenais de ses yeux. Et si je t'ai abordé ce soir, c'est parce que j'avais besoin de te retrouver, Hoju Elissy.

Après ce long discours, il appréhendait. Il se demandait quelle réaction elle allait avoir. En fait, il s'attendait à ce qu'elle lui crache presque au visage en le traitant de malade mental. La peur se lisait dans ses yeux. Malgré cela, Valentin lui sourit timidement, attendant sa réponse.

- Ecoute, cela risquerai de te ... choquer. Disons que l'on a un point commun, tous les deux.

Malgré cette phrase de son interlocuteur, la jeune femme s’impatienta encore plus qu’auparavant. Elle le fixait toujours, au point que celui-ci fini par cracher le morceau :

- Bon, déjà, je m'appelle Hoju Valentin. Je viens d’Angleterre. Je vais te raconter mon histoire pour que ce soit plus clair. Quand j'étais plus jeune, beaucoup plus jeune, ma mère a donné la vie à une personne qui m'était chère et que l'on m'a arraché suite à la mort de mes parents. Cette personne, et bien, elle se nomme Elissy. J'allais la voir souvent dans son orphelinat, je me souvenais de ses yeux. Et si je t'ai abordé ce soir, c'est parce que j'avais besoin de te retrouver, Hoju Elissy.

Elle l’avait écouté et réfléchissait. Que devait-elle faire maintenant ? Elle n’en savait rien. Mais vraiment absolument rien. Elle aurait pensé en première phase que cet homme lui mentait, mais quelque chose en elle lui disait le contraire. Avaient-ils vraiment un lien de parenté ? C’était LA question du moment. Elle avait envie de la croire mais c’était dur, car tout d’abord il lui fallait remonter dans le passé, dans ses souvenirs. Elle gardait le silence pour le moment, le fixant de ses yeux vairons. Valentin Hoju. Elle ne pouvait nier le lien qui les unissait rien qu’à leurs noms de famille. Et puis c’est seulement maintenant qu’elle se souvenait du passé à l’orphelinat. Ce petit garçon qui venait souvent la voir alors qu’elle n’était que haute comme trois pommes.

-Ouais, je vois…

Valentin était très impatient de sa réponse, mais il n'entendit rien. Il attendait, essayant de rester patient, et ne montrait en rien sa hâte d'avoir une réponse. Il espérait vraiment qu'elle se souvienne de lui, car si elle ne se souvenait pas, ce serait la déception totale pour lui. Et dans ce cas là, il repartirait, tellement vide de vie, il deviendrait une personne sans but, sans conviction et il allait lui falloir du temps pour se remettre à vivre correctement, en admettant qu'il essaie.

-Ouais, je vois…

Il regardait la jeune fille, surpris de sa réaction. Il ne savait plus ce qu'il devait faire. Quelques minutes de silence s'écoulèrent lentement sans que personne ne prononce un mot. Il avait beau réfléchir, il ne savait pas. Il sentait Elissy s'impatienter de plus en plus. C'est alors qu'il entendait d'une oreille fine la musique provenant de la discothèque. Et là, le garçon eut un flash.

Il se souvint d'une chanson qu'il lui chantait tous les jours. Une chanson douce et tendre, qui l'aiderait peut-être à se souvenir. Alors, Valentin sourit. Il lui prit la main, et commençait à chanter doucement sa chanson. Il s'était avancé, de sorte à ce qu'il puisse tourner la tête de sa sœur avec ses fins doigts, et avait platé son regard dans le sien. Il chantait, doucement, le refrain et continuait à la regarder et à sourire. Il espérait qu'avec cela, elle se souvienne.

La fin de la chanson arriva. Il lâcha son visage ainsi que sa main, se reculais d'un pas, et attendait. Il attendait une réponse, il attendait surtout qu'elle se souvienne. L'espoir, c'est ce qui l'a fait vivre jusqu'à aujourd'hui, et il continuait d'espérer, car il savait très bien que sa vie allait changer si elle se souvenait.

Valentin pris la main d’Elissy en se rapprochant d’elle, le regardant dans les yeux. La jeune fille aurait voulu reculer mais elle ne le fit pas. Elle n’en eut pas vraiment le temps, car, avant d’avoir pu dire ouf il chantait. Une chanson qui éveilla tous les sens d’Elissy. Elle fut comme transportée par le passé. Cette chanson elle s’en souvenait parfaitement. Il la lui chantait chaque jour quand il venait, bien qu’il soit encore jeune. Et le soir avant de s’endormir Elly pensait à cette chanson qui la remplissait de bonheur. Oui car aujourd’hui, bien des années plus tard, elle s’en souvenait encore puisqu’elle avait été comme gravée dans sa mémoire. Et des mots passaient automatiquement dans sa tête…

Même si nous sommes jeunes,
Même si on devait m’arrêter,
Même si le soleil mourrait,
Même si la lune éclatait,
Je serais toujours là à te chercher,
Parmi les décombres incessants,
Éparpillés sur le sol comme un miroir brisé en mille.

Ces mots-là elle les avait chantés il y a peu de temps, sans savoir qu’elle avait le même sens que la chanson de Valentin. Ils se regardaient tous deux, en silence désormais. La jeune femme ne sut que dire alors que son frère la lâcha pour reculer un peu. Ce passage venait de lui faire comme un coup de marteau sur la tête, et elle se rendait enfin compte de la gravité des choses. Jamais depuis l’orphelinat elle n’avait pu se souvenir de pourquoi cet air lui était resté dans le crâne, jusqu’à aujourd’hui.

Elle semblait perdue, enfoncée dans un trou noir, comme si tout autour venait de s’effacer sauf son frère. Jamais elle n’avait ressenti tant d’émotions d’un coup : de la joie, de la tristesse, de la haine mais aussi de la honte…

La joie de revoir son frère après tant d’années. La tristesse de ces années qui ont coupé leurs liens, la haine qu’il l’ait abandonné du jour au lendemain, et la honte de l’avoir oublié…
Tous les évènements s’enchainaient sans pouvoir s’arrêter. Elle était totalement pétrifiée et ne savait plus quoi faire, au point de reculer pour tomber sur l’herbe. Oui la scène tournait un peu au ridicule, car Valentin pourrait croire qu’elle s’est évanouie sous tant d’émotions. En fait, elle se sentait mal d’un coup. Elle avait des bouffées de chaleur, se sentait mal dans ses talons, trouvait sa robe trop courte. Sa tête tambourinait non plus de la musique de la Discothèque, mais de pensées. Sur le moment elle aurait voulu pleurer mais elle ne pouvait pas vraiment le faire depuis longtemps.

Le jeune homme, après avoir fini sa chanson, vit dans les yeux et l'expression d'Elissy qu'elle s'était souvenue. De ce fait, il sourit encore plus, dévoilant ses magnifiques dents blanches aux canines bien pointues. Bon, maintenant sa allait prendre du temps pour qu'elle s'y habitue. Oui, parce que lui ne voulait plus la quitter, ce qui est bien normal.

Soudain, Valentin la vit tomber, il essaya de la rattraper, mais en vain. Il se dit qu'elle devait être sous le choc. Il se mit à genoux à côté d'elle, son sourire avait disparu. Il la fit s'assoir dans un premier temps, puis lui demandait si elle était blessée. Ensuite il la prit tendrement dans ses bras. Et ferma les yeux.

C'est à partir de ce moment là qu'il réalisait que sa vie ne serait plus pareil, désormais, il pourrait dormir tranquille, il serait serein, et le vide dans sa poitrine serait comblé. Valentin commença à bercer doucement sa sœur, et lui caressait les cheveux en même temps, il se devait de la rassurer. Il lui déposa un baiser sur le front puis s'écartait.

- Sa va mieux ?

Il savait que c'était trop d'émotions d'un coup pour elle. Mais il ne savait pas comment le lui dire, et ne voulait pas trop passer par quatre chemins. Le choc allait passer, il le savait, mais sa allait prendre du temps. Valentin la fixait, il avait peur pour elle, ce n'était pas la première fois, mais là, il était dans la possibilité de faire quelque chose. Alors, il tenta de la relever.

- Je vais te ramener chez toi, c'est plus prudent. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.

Valentin se plaça à genoux à côté de sa sœur et la pris dans ses bras. Ce geste fut sûrement fait pour la calmer, elle qui venait de verser quelques larmes. En effet sa vie venait de prendre une tournure bien différente. Jamais elle n’avait pensé ne serait-ce qu’une seule fois qu’elle avait encore de la famille vivante. Sauf quand elle était encore toute petite mais à cet âge-là rien n’est très précis dans notre tête. Retrouver son frère lui faisait un bien fou. Elle savait sans même regarder sa carte d’identité ni même faire un test ADN qu’ils étaient frère et sœur, car au fond de son cœur c’était comme un grand vide qui venait de se combler alors qu’elle ne cherchait pas même à la remplir.

- Sa va mieux ?

La voix de son frère la tira de ses pensées. Avant-même qu’elle ne puisse dire quelque chose il l’aida à se relever et entama une nouvelle phrase.
- Je vais te ramener chez toi, c'est plus prudent. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.
Ils se fixaient et Elly n’avait aucun mot qui sortait de sa bouche. En tout cas il ne fallait pas qu’elle rentre sans ses affaires. Et elle avait aussi du mal à accepter toute l’aide de Valentin puisqu’ils venaient juste de se retrouver. Elle essuya qu’un geste vif ses joues et parla doucement.

-Je vais bien, c’est bon. Il faut que je retourne travailler… Sans quoi je ne pourrais pas payer mon loyer…

Elle détourna le regard vers la porte, où une collègue les fixait, une cigarette dans la bouche. Elissy se dirigea machinalement vers elle, qui lui tendit aussitôt son sac.

-Je t’ai arrangé le coup, file.

La jeune blonde hocha la tête et récupéra son petit sac et sa veste avant de retourner voir le brun.

Aussitôt à portée de voix de Valentin, elle entendit une phrase sortir de la bouche de celui-ci.

- Allez viens, je te ramène.

C’était bel et bien une affirmation. Elissy n’aimait pas qu’il le dise comme si tout était normal alors que non. Ok, lui était heureux de retrouver celle qui appelait sa sœur mais Elly n’avait jamais vraiment eu de lien familial avec qui que ce soit jusqu’à maintenant. C’était assez dur pour elle d’accepter ça, mais tout aussi difficile de l’avouer au jeune brun.
N’empêche qu’il lui souriait en lançant un bref « on y va ? ». Oui, ce sourire fit chaud au cœur à la belle, mais ce n’est pas pour autant qu’elle souriait elle aussi. Elle le regardait sans piper mot, trop perdue pour cette action qui n’était pourtant pas bien difficile.

Le jeune homme ne bougeait pas et se contenter de regarder la jeune femme. Elle n’aurait su dire ce que pensait celui-ci, elle qui était de marbre (pour le moment). Le brun se « jeta sur elle » pour l’encercler de ses bras, décidément heureux et décidé.

- Si tu savais à quel point tu m'as manqué ... J'ai pas arrêté de penser à toi toutes ces années.

La blondinette était surprise de ce geste et encore plus de ces paroles. Etait-il si désespéré d’avoir vécu tant d’années sans elle ? Peut-être. Elissy referma alors ses bras dans le dos de Valentin, qui n’attendait peut-être que ça. Elle lâcha même une larme en silence, la tête posée contre le corps de son grand frère. C’était plaisant pour elle d’avoir à nouveau quelqu’un sur qui compter et de ne plus se retrouvée seule à espérer trouver quelqu’un qu’elle n’avait pas encore rencontré.

La jeune blonde ne lâcha point le brun, car elle était émus par cette retrouvaille que jamais elle n’avait osé espérer.